Robert Antelme

 

Robert Antelme Textes inédits sur l'Espèce humaine . ed. Gallimard

En 1943 un jeune homme choisit de combattre dans la Résistance. Robert Antelme a 26 ans. Il sera arrêté par la Gestapo un an plus tard en Juin 1944. 

La prison de fresnes, Buchenwald, Gandersheim, le camp de Dachau, ce sont les étapes de sa déportation.
Il échappe par les miracles du destin et de l'amitié à l'épidémie mortelle de la fin des camps.

Enfin libre, il entreprend en 1946 le livre qui va être une des oeuvres capitales de l'époque, un des chefs d'oeuvre de la littérature contemporaine. L'espèce humaine. Antelme meurt en 1990, à l'hôpital des Invalides.

 

"L'histoire de chacun, écrit Antelme, se fait à travers le besoin d'être reconnu sans limites (...). Reconnaître autrui est le souverain bien, et non un pis-aller. La philosophie, la littérature universelle sont en grande partie le spectre de ce mouvement de reconnaissance." C'est, selon l'expression de Maurice Blanchot, ce qu'il y a d'"indestructible" dans l'énoncé majeur de l'espèce humaine. "Les SS qui nous confondent ne peuvent pas nous amener à nous confondre. (...) L'homme des camps n'est pas l'abolition des différences. Il est au contraire leur réalisation effective."

 

Témoignage, hommage, portrait à plusieur voix, ce recueil est l'oeuvre de l'amitié de la "reconnaissance infinie" C'est l'accompagnement de la pensée et de la vie de Robert Antelme,  une des plus hautes paroles de ce temps.

Robert Antelme L'humanité irréductible de Martin Crowley  Préface de Edgar Morin

Ed. Lignes Léo Scheer (4è de couverture)

Publié en 1947, L'Espèce humaine de Robert Antelme compte aujourd'hui parmi les oeuvres essentielles de la littérature concentrationnaire. 

L'intérêt de ce livre réside non seulement dans ses descriptions, aussi sobres qu'inoubliables, mais aussi dans ses analyses qui, un demi-siècle plus tard, n'ont rien perdu de leur immédiateté et de leur urgence. Il y a eu dans l'écrit d'Antelme, un "rêve SS" : celui de distinguer à l'intérieur de l'espèce humaine, de réduire à l'état de rebut tout ce qui, pour le système nazi, constituait une "sous-humanité". En face de ce "rêve" affirme Martin Crowley, en appeler à l'humanisme classique ne suffit plus. Il faut un nouvel humanisme, qui fasse de ce rebut l'homme lui même.

 

Préface d'Edgar Morin / Pour Robert Antelme   ".... Nos ennemis sont aussi humains. Nous pourrons traiter valablement les problèmes humains, ceux de l'oppression, de l'injustice, de l'inégalité, non pas en utilisant la violence destructrice et répressive, mais par des réformes en profondeur des relations entre les humains. Ces réformes comportent évidemment le développement de notre capacité de compréhension d'autrui, qui seule peut nous faire échapper à la barbarie du rejet, du mépris de la haine. Ici la référence à l'humanité est la référence à la complexité humaine. Hegel disait que si l'on désigne comme criminel une personne qui a commis uin crime dans sa vie, on élimine injustement tous les autres traits de sa personnalité et de sa vie. Nous devons comprendre les bourreaux, les Staline, les Hitler, les Saddam, les terroristes des sectes ou d'Etat, les fanatiques hallucinés sont aussi humains, et que parmi leurs traits ignobles, ils ont aussi des caractères d'humanité. Sinon nous obéissons à la logique qui est la leur.. Il y a là une leçon capitale de complexité humaine, qui est celle de Robert Antelme.  (...) c'est une oeuvre dont la pure simplicité procède d'un sentiment profond de la complexité humaine. .. c'est un chef d'oeuvre de littérature débarassé de toute littérature.  Effectivement, comme l'aurait Pascal, la vraie littérature se moque de la littérature.  Edgar Morin.